mercredi 29 octobre 2014

Marcel Duchamp au centre Pompidou : "La peinture, même"


« Je crois qu’aujourd’hui plus que jamais l’Artiste a cette mission parareligieuse à remplir : maintenir allumée la flamme d’une vision intérieure dont l’œuvre d’art semble être la traduction la plus fidèle pour le profane. » (Marcel Duchamp, conférence « L’artiste à l’université », 1960)



L'exposition du centre Pompidou consacrée à la peinture de Marcel Duchamp (1887-1968) cherche à renverser l'idée selon laquelle Duchamp aurait "tué" la peinture, et relate, en neuf espaces, la recherche par l'artiste de sa propre "vision intérieure". 


Le parcours amène d'abord le visiteur à découvrir l'importance de l'érotisme et de l'ironie, puis le thème du nu, inspiré par Manet ou les peintres fauves.


Deux nus, 1910







Ensuite, dans les salles "apparition d'une apparence", puis "déthéoriser le cubisme", sont présentées l'influence de la littérature et de la peinture symbolistes sur Duchamp, qui lit Villiers de l'Isle Adam et admire Odilon Redon, puis ses liens avec les cubistes du Groupe de Puteaux, et sa découverte des techniques de radiation utilisées en médecine, ou encore des recherches sur la décomposition du mouvement.



Ci dessus, Yvonne et Magdeleine déchiquetées, 1911.







À gauche, Nu descendant un escalier, 1911




Les espaces "pudeur mécanique", "inconscient organique", et "Peinture de précision et beauté d'indifférence" sont organisés en fonction du "Grand Verre" (La mariée mise à nu par ses célibataires, même), oeuvre ultime et fort hermétique de Duchamp, dont une copie est exposée dans la toute dernière salle de l'exposition, de manière à laisser le visiteur libre de ses interprétations. 
Un effet d'attente est ainsi habilement créé, mais qui nuit peut-être à la compréhension des oeuvres exposées dans ces trois espaces, et rend le parcours plus difficile à suivre pour le visiteur qui ignore tout du "Grand verre" en question.

Mariée, 1912 (oeuvre qui préfigure le "Grand verre")



En dépit de cette restriction sur l'organisation de la fin du parcours, de nombreux choix de présentation rendent l'exposition intéressante et agréable à suivre : les oeuvres de Duchamp sont souvent placées en regard de celles d'artistes qui l'ont inspiré ou accompagné, qu'il s'agisse de peintres ou de sculpteurs.


Kandinsky, Paysage à la tour, 1908, et Duchamp, Paysage, 1911

Par ailleurs, la plupart des oeuvres exposées (qu'elles soient de Duchamp ou d'autres artistes) sont assorties d'un commentaire de Duchamp lui-même (tiré d'entretiens, de lettres, et de divers écrits de Duchamp dont sont d'ailleurs exposés de nombreux manuscrits), qui explique leur influence sur son art, ou ses intentions.


24 septembre 2014 - 5 janvier 2015
Centre Pompidou (Paris 4e, métro Rambuteau).

Site du centre Pompidou
Dossier pédagogique édité par le Centre Pompidou

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